En voilà une bien belle promesse ! Suite au post où je t’ai présenté les manifestations principales de la blessure d’abandon, la question majeure qui en est ressortit a été : « Et comment en guérit-on ? ». Bien que légitime, il est très difficile de répondre à cette question de manière précise en répondant au plus grand nombre puisque chaque Personne est unique et expérimente donc cette blessure de manière unique (bien que certaines « grandes lignes » puissent être tracées afin de mettre à jour sa présence). C’est pour cette raison que j’ai souhaité te donner ici quelques pistes de réflexions et de travail à entamer (de façon autonome ou bien accompagné.e d’un.e thérapeut.e qualifié.e) afin de t’aider à transcender progressivement et guérir la blessure d'abandon :
- Identifier les schémas répétitifs en place : la blessure d’abandon a tendance à créer des schémas répétitifs où la dépendance affective (sous toutes ses formes) peut prendre bien des aspects différents et se manifestent souvent avec insistance, jusqu’à ce qu’on l’entende. L’important est donc avant tout de parvenir à mettre le doigt sur la (ou les) façon dont ils s’expriment. Est-ce davantage dans la sphère relationnelle ? Professionnelle ? Dans ton rapport à toi-même ? Certaines « grandes tendances » (essuyer des échecs incessants dans ses relations amoureuses, ne pas réussir à s’engager dans un projet sur le long terme, etc) peuvent ainsi être mises à jour et te permettre de prendre du recul avec ce « cercle vicieux » en place depuis plus ou moins longtemps.
- Prêter une attention particulière à son langage : cette blessure de l’Âme favorise l’utilisation (plus ou moins consciente) de certaines tournures de phrase : « je suis nul.le », « je me sens seul.e », « je laisse tomber » ou bien encore la variante « on me laisse tomber », etc. Il est important de garder à l’esprit le fait que les mots possèdent une vibration particulière, et qu’en utilisant des mots ou des phrases négatives (à l’écrit comme à l’oral), cela renforce inévitablement un état émotionnel contraignant. Il ne s’agit donc pas là de ne pas exprimer ce que tu ressens (bien au contraire), mais tout simplement de prendre conscience de certains « tics de langage » qui peuvent influencer progressivement ta façon de te percevoir (ainsi que le monde qui t’entoure). Ne parle donc plus de toi de manière péjorative, n’accorde pas plus d’importance que ça aux Personnes qui n’ont pas véritablement envie de faire partie de ton quotidien et ne te laisse pas imposer des prises de décision qui ne te conviennent pas (ou plus). En récupérant ton libre-arbitre, petit à petit, tu vas pouvoir te défaire de ce sentiment désagréable d’être « laissé.e pour compte ».
- Changer son point de vue sur la notion « d’abandon » : maintenant que l’importance du vocabulaire a été énoncé, le fait de modifier ton point de vue sur l’abandon ne te semblera plus si incongru, je m’explique. Il arrive souvent qu’une blessure d’abandon soit réactivée par un évènement qui est vécu comme un abandon (avec toute la charge émotionnelle que cela implique), alors qu’objectivement, ça n’en est pas un.
En effet, la séparation (que l’on pourrait considérer comme le fait de ne plus être en contact avec quelqu’un ou quelque chose) et l’abandon (qui implique la notion de « quitter définitivement ») sont deux choses différentes. Mettre fin à une relation amoureuse qui ne fonctionne plus, voire même que l’on pourrait envisager comme toxique, ça n’est pas de l’abandon (même si cela réveille certaines émotions négatives), mais une séparation (à condition qu'elle ne se solde pas par une "fuite"). Être déposé.e dans un orphelinat par des parents qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’occuper pas de leur bébé, représente bel et bien un abandon (et va très probablement nécessiter un travail personnel de la part de l’enfant lorsqu’il aura grandit afin de guérir de cette fameuse blessure). Il ne faut pas oublier que la blessure d’abandon naît d’un décalage entre les attentes émotionnelles d’un jeune enfant et sa perception de l’Amour qu’il reçoit de la part de ses parents. Il n’est donc pas obligatoire d’être abandonné.e au sens propre par ses parents pour en souffrir, parfois le seul fait d’avoir vécu un évènement traumatisant (ou du moins expérimenté tel quel), comme par exemple être séparé très jeune de son ou ses parents sans avoir aucune explication, sans comprendre qu’en réalité, ce parent n’a fait que s’absenter pour aller rendre visite à un.e proche malade, et qu’il finira par rentrer. Cette séparation est ainsi vécue comme un abandon jusqu’au moment du retour, impliquant ainsi un phénomène « d’ascenseur émotionnel » que l’on retrouve régulièrement chez les Personnes souffrant de dépendance affective (on reste malgré le fait qu’une relation est « bancale », toxique, parce que les bons moments ont tendance à effacer les mauvais et qu’on se persuade qu’au final, c’est peut-être ça « la vraie vie »).
On ne maîtrise donc pas (ni en tant qu’enfant, ni en tant que parent) la façon dont ont pu être vécu ces évènements, mais le fait de prendre conscience de cette nuance peut parfois suffire à mettre de la distance avec l’impact de la charge émotionnelle qu’il génère et se défaire de cette blessure difficile à vivre au quotidien.
- Recréer des racines saines : parce le fait de se sentir « abandonné.e » sous-entend celui d’être plus ou moins coupé.e de ses racines (ou du moins du « terreau » familial et émotionnel que l’on aurait souhaité expérimenter), il est primordial pour pouvoir se défaire de cette blessure de l’Âme, de se recréer des racines saines. Cela implique de donner vie à un environnement relationnel et émotionnel sécurisant, solide et apte à servir de « point d’ancrage » durant les coups durs que la Vie peut parfois réserver. Autrement dit, avoir un « point de chute », un repère (un lieu d’habitation, une maison d’enfance, un petit coin de Nature préservé, etc) où l’on sait qu’on peut aller se ressourcer quoiqu’il arrive, une ou des relations saines où la confiance et la communication priment (un.e membre de la famille, un.e ami.e de longue date, etc), une activité épanouissante dans laquelle on peut se plonger dès qu’on en ressent le besoin (écrire des poèmes, faire des photos, lire un livre, faire du sport, etc). Tout cela permet de recréer progressivement un environnement où l’on peut s’ancrer, faire son nid (du moins virtuellement) afin de se sentir apaisé.e et protégé.e. Savoir que l’on possède un « cocon » pour recharger ses batteries est un excellent moyen d’apprendre à se défaire des émotions négatives créées par la blessure d’abandon.
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